En 2022 sur l’augmentation de 321 Mt de CO2, 60 Mt peuvent être attribuées
à la demande de climatisation et de chauffage pour faire face à des conditions climatiques exceptionnelles et 55 Mt à l’arrêt des centrales nucléaires. La croissance des émissions de CO2 en 2022 a été bien inférieure à la croissance du PIB mondial (3,2 %), renouant ainsi avec la tendance décennale de découplage entre les émissions et la croissance économique qui avait été rompue par la forte reprise des émissions en 2021. Les émissions provenant du gaz naturel ont diminué de 1,6 %, soit 118 Mt, à la suite d’un resserrement continu de l’offre conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les réductions des émissions de gaz ont été plus particulièrement prononcées en Europe (-13,5 %).
L’augmentation des émissions dues au charbon a plus que compensé les réductions dues au gaz naturel. Dans le contexte d’un mouvement de passage du gaz au charbon pendant la crise énergétique mondiale, les émissions de CO2 provenant du charbon ont augmenté de 1,6 %, soit 243 Mt, dépassant de loin le taux de croissance moyen de la dernière décennie et atteignant un nouveau record historique de près de 15,5 Gt. Les émissions provenant du pétrole ont augmenté encore plus que celles du charbon, de 2,5 % soit 268 Mt, pour atteindre 11,2 Gt.
Près de la moitié de l’augmentation est due à l’aviation, les voyages aériens ayant connu un net rebondissement après le creux de la pandémie, avoisinant 80 % des niveaux de 2019. Modérant cette augmentation, les véhicules électriques ont continué à gagner du terrain en 2022, avec plus de 10 millions de voitures vendues, dépassant 14 % des ventes mondiales d’automobiles.
La plus forte augmentation sectorielle des émissions en 2022 provient de la production d’électricité et de chaleur, dont les émissions ont augmenté de 1,8 %, soit 261 Mt. Une forte expansion des énergies renouvelables a limité le rebond des émissions de l’énergie liées au charbon. Les énergies renouvelables ont ainsi assuré 90 % de la croissance mondiale de la production d’électricité l’année dernière.
Les émissions de l’industrie ont diminué de 1,7 % pour atteindre 9,2 Gt l’année dernière. La baisse globale a été largement soutenue par une diminution de 161 Mt de CO2 des émissions industrielles de la Chine, reflétant une baisse de 10 % de la production de ciment et de 2 % de la production d’acier. Les émissions de la Chine sont restées relativement stables en 2022, diminuant de 23 Mt soit 0,2 %.
L’Union européenne a connu une réduction des émissions de CO2 de 2,5 % malgré les perturbations des marchés du pétrole et du gaz, les pénuries d’eau dues à la sécheresse et l’arrêt de nombreuses centrales nucléaires. Les émissions du secteur du bâtiment ont nettement diminué, grâce à un hiver doux.
Les émissions américaines ont augmenté de 0,8 %, soit 36 Mt. Le secteur des bâtiments a connu la plus forte croissance des émissions, en raison des températures extrêmes. Les principales réductions d’émissions proviennent de la production d’électricité et de chaleur, grâce à une augmentation sans précédent de l’énergie solaire photovoltaïque et éolienne, ainsi qu’au passage du charbon au gaz. Alors que de nombreux autres pays ont réduit leur consommation de gaz naturel, les États-Unis ont vu leurs émissions augmenter de 89 Mt de CO2 provenant du gaz, utilisé pour répondre aux pics de demande d’électricité pendant les vagues de chaleur estivales. Les émissions des marchés émergents et des économies en développement d’Asie, à l’exception de la Chine, ont augmenté plus que celles de toute autre région en 2022, de 4,2 % ou 206 Mt de CO2. Plus de la moitié de l’augmentation des émissions de la région provient de la production d’électricité à partir du charbon.
Ainsi, malgré un développement plus rapide que prévu des technologies d’énergie propre, le monde court toujours sur une trajectoire de croissance non durable, qui appelle donc à des actions plus fortes pour accélérer la transition.